La question peut nous sembler à première vue un peu simpliste, voir évidente car en France, nous avons la chance d’avoir un terroir fertile et qualitatif. Presque n’importe quelle piquette avec un terroir correcte peut assurer l’avenir financier de la propriété qui le produit. Quant aux grands terroirs, ils produisent généralement des vins exceptionnels. Mais voilà, la France n’est pas partout, et nos amis américains se sont posés la question de savoir si la technique pouvait surpasser le terroir. En l’occurrence, la démarche qui porte le nom de « the cube project » fait partie d’une très sérieuse expérimentation sur la connaissance de la technique sur le terroir, et vice versa. Par exemple : si j’élève un pinot noir en Orégon, puis-je lui faire donner les saveurs « comme s’il avait été élevé en Californie ? » Le séminaire du Cube Project pose clairement la question de la technique qui surpasserait le terroir, à condition bien sur de pouvoir agir comme l’on souhaite sur le vin. Ce qui, pour rappel, n’est pas le cas en France, ni même en Europe. Pour tester et valider le concept, trois propriétés ont joué le jeu : Anne Amie Vineyards d’Oregon, Bouchaine Vineyards de Carneros, et Lincourt Vineyards de Santa Barbara. Chacune partage 6 tonnes de fruits de manière égales entre elles, et elles en envoient 2 tonnes aux autres. Ce qui est intéressant est que chaque propriété pourra être jugée directement également par les autres. Malheureusement nous n’avons pas encore les résultats de cette expérimentation, mais nous vous en donnerons le compte-rendu dès que le séminaire sur la technique ou le terroir sera clos. Dans tous les cas nous saluons l’expérimentation. Il serait intéressant que nous puissions faire de même en France, au moins pour apprendre toujours plus sur le vin. Imaginez que l’on puisse faire « gouter » un bourgogne comme s’il vient du Sud Ouest, cela transformerait notre compréhension du vin et de l’œnologie en général.