La foire aux vins s’avère excellente cette année pour tous les distributeurs – un excellent millésime pourrait-on dire. Il faut dire que cette « foire » est en réalité un évènement commercial majeur totalement artificiel, crée par les distributeurs eux-même (Leclerc, en 1973) afin de vider les stocks. Le concept s’est bonifié avec le temps en créant un réel business de la foire aux vins: depuis les producteurs, les distributeurs, mais aussi tous les autres secteurs qui ont un intérêt de près ou de loin avec cet évènement. Par exemple: la presse – qui a su récupérer l’évènement en créant des éditions spéciales, dans certains cas des guides pour mieux acheter. Les professionnels de l’oenologie aussi, notamment en diffusant des guides d’achat, ou dispensant des cours et conseils spécifiques sur la création d’un cave à vin. La foire aux vins et donc un réel business évènementiel qui se répète chaque année. Il est vrai que dans certains cas, cela peut permettre de découvrir certains vins prometteurs, mais il ne faut quand même pas se leurer sur les réels bénéfices de tels évènements. Voici ce que l’on pouvait lire dans Le Figaro du bilan anticipé de la foire au vins: «Nous avons une double chance cette année. Il nous reste des bouteilles de 2009, une bonne année, mais nous proposons surtout celles de 2010, un millésime exceptionnel», se réjouit Patrick Scheiber, chef de groupe vins chez Auchan. Pour la foire aux vins, Auchan se permet donc de tabler sur une forte progression de ses ventes, entre 6 % et 10 %, soit au moins aussi importante que l’an dernier (+ 6 %, à 59 millions d’euros). L’enjeu est de taille, car en deux semaines Auchan réalise pas moins de 15 % de ses ventes annuelles dans le vin. C’est davantage que chez Carrefour (10 %), chez Intermarché (8 %) ou même chez Leclerc (12,2 %), qui a inventé l’évènement en 1973. Auchan ne change donc pas les ingrédients de la recette de sa foire avec son «offre la plus large de France, à égalité avec Leclerc», même si elle reste «très orientée bordeaux». Et ce pour satisfaire notamment la demande des Belges, qui se déplacent en masse dans les Auchan frontaliers pour trouver des vins à garder ou à offrir à Noël. «Le panier moyen est d’environ 91 euros pour 14 bouteilles», précise Patrick Schreiber. Chez Carrefour, le panier est en moyenne presque deux fois moins élevé, à 50 euros pour ­7 bouteilles. Comme l’an dernier, l’enseigne, qui refuse de communiquer son chiffre d’affaires mais estime aussi avoir la «plus grande foire de France», insiste de nouveau sur les prix pour inciter ses clients à acheter davantage: près de la moitié des vins sont ainsi à moins de 7 euros. «Nous prévoyons une hausse des ventes comparable à celle de l’édition 2011, soit 2 % à 3 %», explique Richard Bosquet, directeur de la catégorie vins chez Carrefour. Difficile sans doute de faire aussi bien que l’an dernier dans les supermarchés du groupe, où les ventes avaient bondi de 20 %, grâce à une offre sur mesure. «Près de 75 % des vins achetés par les clients Carrefour Market sont consommés dans l’année et nous consacrons donc une place de choix aux vins accessibles et prêts à boire.» Tout comme aux vins bio, encore une niche, mais dont les «ventes en valeur ont progressé de 60 % en grande distribution en un an, contre seulement 3 % pour les autres vins, d’après Symphony Iri», rappelle Carrefour. «Tout l’enjeu de la foire aux vins est de donner envie d’acheter plus, mais pas plus cher. Faire une bonne sélection est très important, peut-être encore plus cette année, alors que la surcote sur le millésime 2010 peut atteindre 10 %», explique Jean-François Rovire, en charge du rayon chez Système U. L’enseigne, qui devient «survendeur» de vins comparé à sa part de marché alimentaire pendant l’évènement (40 millions d’euros en 2011), a fait le choix de mettre les magnums à l’honneur, «idéal pour la conservation. Reste à espérer que la météo ne soit pas trop ensoleillée, ce qui n’incite guère les consommateurs à boire du vin», ajoute-t-il. Pour sécuriser leurs ventes, Casino et Monoprix ont choisi de séduire les consommateurs pendant leurs courses de rentrée, leurs foires s’étant déroulées du 4 au 16 septembre. En revanche, chez Leclerc, l’évènement dure le plus longtemps: même si chaque magasin ne participe que dix jours, les premières bouteilles ont fait leur entrée dans les Leclerc en «avant-première» dès début juin et les dernières seront commercialisées début novembre. Avec Le Figaro