Cette semaine, une dégustation oenologique nous a donné l’occasion de savourer un Nine Popes 2004, un excellent vin « bi-national », issu du savoir-faire australien et inspiré par le vin français. Ce vin rouge sec présente d’ailleurs une histoire intéressante, puisqu’il est en fait issu… d’un pile ou face. En 1973, Graeme Melton, originaire de Sydney, arriva dans la Barossa Valley. Cherchant du travail avec un ami afin de réparer leur Holden en panne et de continuer leur voyage, ils trouvèrent deux offres : l’une en tant qu’assistant en cave dans une exploitation locale appelée Krondorf, et l’autre pour tailler un vignoble un peu plus loin. Ils jouèrent à pile ou face et c’est Melton qui se retrouva dans la cave. À Krondorf, Melton rencontra le grand vinificateur de Barossa, Peter Lehmann, et le suivit lorsque celui-ci fonda son exploitation éponyme six années plus tard. Pendant les dix années suivantes, Melton aiguisa ses talents de vinification sous la direction de Lehmann et voyagea également en France, où il acquit sa passion pour les vins du Rhône, en particulier ceux du sud de la région, où sont assemblés le Grenache, le Shiraz et le Mourvèdre ainsi que onze autres cépages pour donner naissance à un Châteauneuf-du-Pape rouge. À l’époque où Melton construisait son propre chai et sa cave, en 1984, le gouvernement australien payait les producteurs de raisins pour arracher leurs vieilles vignes de Shiraz et de Grenache de Barossa, devenues démodées. Mais Melton avait entrevu les possibilités offertes par ces variétés en France, et créa son assemblage Nine Popes (« Neuf Papes », pour les anglophobes), un jeu de mot sur le nom de Châteauneuf. Élevé 20 mois en barriques, le Nine Popes 2004 offre des arômes de framboise, de cerise et de prune, avec une touche de chêne épicé. Poivré, riche et long, il est le premier rouge australien fait dans le style du Rhône.

Nine Popes