La semaine dernière, un cours d’oenologie nous a permis de déguster un Sancerre Cuvée Prestige de Crochet, millésime 2002. Il est amusant de se rappeler que jusqu’à une période récente, jusqu’aux années 1960, en fait, le Sancerre n’avait pas de réputation, bonne ou mauvaise. Le Sauvignon de l’est de la Loire donne ce genre de vin blanc sec croquant, bon à boire avec une cuisine campagnarde simple, pâtés et poissons d’eau douce. L’établissement du Sancerre comme un vin remarquable (et remarqué) date en fait d’une soudaine obsession journalistique au sein des critiques parisiens. Son expression du Sauvignon blanc, issu des meilleurs sites, commença alors à être vue comme étant si pure, d’une austérité de silex et d’acier, si dure et intransigeante qu’il était impossible de la confondre. Et de fait, honte à ceux qui résistaient encore à placer cette variété en première division. Le domaine Lucien Crochet est l’heureux fruit de l’union de cette famille avec la famille Picard, dont les racines au sein de l’appellation remontent à la seconde moitié du XVIIIe siècle. La Cuvée Prestige de Crochet est issue d’une parcelle de vignes noueuses à faible rendement. Environ 10% de chaque récolte sont fermentés en barrique, ce qui ne fait que dévoiler le caractère d’acier du Sauvignon et sert à mettre en évidence la note fugitive de fumé que le Sancerre retire souvent de son sol. En 2002, ce secteur de la Loire a donné une vendange nettement meilleure que dans le reste du pays. Le Sauvignon a bien mûri et le résultat est un vin qui marie un fruité presque indécent de pêche et d’abricot et un noyau d’acidité disciplinée évoquant le diamant, permettant à un vin d’une telle concentration de bien vieillir.