Un week-end oenologique nous a récemment donné l’occasion de déguster un Léoville 2000, remarquable tant pour son histoire que pour son goût. Le Barton-Léoville est le fruit d’un fameux mélange. Les Irlandais furent très présents dans le Bordelais à partir de 1690, année où le protestant Guillaume d’Orange remporta la bataille de la Boyne et contraignit de nombreux Irlandais catholiques à émigrer. Ils n’avaient peut-être pas les mêmes droits de propriété que les Anglais, mais le nom de Bordeaux est encore gravé dans le cœur de bien des Irlandais. C’est le cas de la dynastie des Barton. Arrivés en 1821, ils aimèrent tant le vin et l’ambiance du Château Langoa qu’ils acquirent la propriété. Plus tard, ils l’accompagnèrent d’une petite parcelle du domaine Léoville et les deux vins évoluent en symbiose depuis cette époque. Avec près de deux siècles, une propriété du Bordelais n’a jamais appartenu aussi longtemps à une même famille ! Au cœur de l’appellation Saint-Julien et bénéficiant d’un sol argilo-graveleux, le domaine Léoville compte quelques 49 hectares. Les vins y sont élaborés de manière traditionnelle: ils passent de dix-huit à vingt mois en barrique (renouvelées pour moitié chaque année) avant d’être finalement assemblés et mis en bouteilles. La magnifique année 2000 est connue pour avoir produit d’innombrables miracles, et c’est vraiment extraordinaire si une propriété donnée parvient à se détacher du lot. Tel est pourtant le cas du Léoville 2000. Ce millésime est un vin fait pour durer, d’un poids intense, riche et opulent, où une fine couche de chêne fumé recouvre d’autres couches de cassis doucereux, le tout soutenu par des tanins aussi élégants que des colonnes grecques. Le millésime 2000 est à déguster jusqu’en 2040 et au-delà. Une colonne grecque, vous dit-on !