Il est rare de pouvoir goûter un vin tel qu’un Château Ausone, millésime 2003, et cela méritait bien une petite présentation de notre part. Moins connu que ses mondialement célèbres voisins, Ausone est le plus petit des Bordeaux premiers crus. Pourtant, rares sont les vins de la région qui jouissent d’une telle réputation. Perché sur un éperon calcaire dominant la petite ville de Saint-Émilion, Ausone doit son nom au poète latin Ausonius. Il existe encore des bouteilles datant des années 1840 et les privilégiés ayant pu déguster les millésimes du XIXe siècle témoignent de la pérennité de leur qualité. Plus récemment, la propriété a été partagée entre deux familles en pleine hostilité. Cette situation qui a perduré une vingtaine d’années n’était pas propice à la qualité même si la nature a fait de son mieux pour que d’excellents vins naissent pendant cette période de discorde. Les escarmouches cessèrent en 1995 quand Alain Vauthier devint l’unique propriétaire. L’Ausone a atteint de nouveaux sommets grâce à son intelligence et à son ouverture d’esprit. Même avec une année aussi délicate que 2003, Ausone a donné un vin superbe. Le sol calcaire a protégé les vignes de la sécheresse et la grande proportion de Cabernet franc a donné un parfum et une complexité inhabituels pour le millésime 2003, mais très typique de l’Ausone. Vauthier gère méticuleusement son vignoble et vise à amener les raisins à pleine maturité avant de les vendanger. Cela signifie que les vins sont au maximum de leur puissance et que leurs arômes invariablement concentrés sont le fait de vignes ayant en moyenne une cinquantaine d’années. Les vins ont malgré tout de la fraîcheur (même en 2003) et une structure qui leur garantit une très longue vie. A preuve, le millésime 2003 est à déguster jusqu’en 2030.