Lafite Rothschild obtient la certification B Corp pour ses domaines
Les Domaines Barons de Rothschild (Lafite) décrochent la certification B Corp après deux ans de travail, confirmant leur engagement social et environnemental.
Un groupe viticole de prestige distingué
Les Domaines Barons de Rothschild (Lafite), qui incluent le mythique Château Lafite Rothschild à Pauillac, viennent d’obtenir la labellisation B Corp. Cette certification, délivrée par l’organisme américain B Lab, distingue les entreprises qui respectent des standards élevés en matière de gouvernance, d’impact social et environnemental. Le processus, particulièrement exigeant, a nécessité plus de deux ans d’audit et de mise en conformité. Le groupe rejoint ainsi un cercle restreint d’acteurs viticoles mondiaux ayant franchi ce cap.
Une démarche qui englobe tous les domaines du groupe
La certification ne se limite pas au seul Château Lafite Rothschild, premier grand cru classé de 1855. Elle concerne l’ensemble des propriétés regroupées sous la bannière des Domaines Barons de Rothschild : Château Duhart-Milon (Pauillac, 76 hectares), Château Rieussec (Sauternes, 93 hectares), Château L’Évangile (Pomerol, 22 hectares), ainsi que les vignobles à l’international comme Bodegas Caro en Argentine ou Domaine de Long Dai en Chine. L’ensemble représente plus de 1 200 hectares de vignes répartis sur plusieurs continents. L’objectif est clair : aligner toutes les pratiques viticoles, sociales et commerciales du groupe sur des critères mesurables de durabilité et de responsabilité.
La rigueur de la certification B Corp
Le label B Corp se distingue des certifications environnementales traditionnelles par son approche globale. Il évalue cinq domaines clés : gouvernance, collaborateurs, collectivité, environnement et clients. Les entreprises doivent obtenir un score minimum de 80 points sur 200 lors d’un audit approfondi. Dans le cas des Domaines Barons de Rothschild, cela a impliqué des ajustements dans la gestion énergétique, la réduction de l’usage de produits phytosanitaires, l’amélioration des conditions de travail saisonnier et la mise en place de programmes de formation. La dimension sociale a également été scrutée : politiques de diversité, relation avec les fournisseurs et contribution au tissu économique local.
Une viticulture tournée vers la durabilité
Depuis plusieurs années, le groupe avait amorcé sa transition vers une viticulture plus durable. Le Château Lafite Rothschild pratique déjà une viticulture raisonnée, avec une réduction progressive des intrants chimiques et l’expérimentation de techniques de désherbage mécanique. Au Château Rieussec, l’un des premiers crus classés de Sauternes, une conversion en agriculture biologique est en cours sur la majorité des parcelles, couvrant près de 90 hectares. Le Domaine de Long Dai en Chine a intégré dès sa création des pratiques de viticulture durable adaptées au climat du Shandong. Ces efforts, désormais consolidés et audités, ont contribué de manière décisive à l’obtention de la certification.

Les enjeux économiques et d’image pour Lafite
Pour un groupe viticole de l’envergure de Domaines Barons de Rothschild, l’obtention du label B Corp dépasse la simple reconnaissance technique. Elle s’inscrit dans une stratégie d’image auprès des consommateurs et des investisseurs. Le marché du vin haut de gamme évolue vers une demande accrue de transparence et de responsabilité. Les amateurs et collectionneurs, particulièrement en Europe et aux États-Unis, privilégient de plus en plus les domaines capables de démontrer leur engagement durable. Sur le plan économique, cette distinction pourrait renforcer la position du groupe sur un marché mondial estimé à plus de 300 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, où la concurrence entre les grandes maisons est intense.
Une certification encore rare dans le monde viticole
Le monde du vin compte peu de domaines certifiés B Corp. En France, quelques pionniers comme Château Maris dans le Languedoc ont ouvert la voie. Dans le Nouveau Monde, des structures en Californie ou au Chili ont également obtenu la reconnaissance. Pour un groupe de l’ampleur de Domaines Barons de Rothschild, la démarche fait figure d’exemple. Elle pourrait inciter d’autres grandes maisons, comme celles de Bordeaux ou de Bourgogne, à s’engager dans la même voie. La reconnaissance internationale de la B Corp donne par ailleurs un poids particulier sur les marchés export, où les labels locaux sont parfois moins lisibles.
Une transformation progressive mais structurante
La mise en œuvre des critères B Corp a transformé le fonctionnement interne du groupe. Le recrutement de spécialistes en développement durable, la mise en place de systèmes de suivi des consommations d’eau et d’énergie, ou encore la valorisation des déchets viticoles en compost ont modifié les pratiques quotidiennes. Le coût de ces investissements reste significatif, mais il s’inscrit dans une logique de long terme. La direction du groupe insiste sur le fait que ces mesures ne visent pas seulement à décrocher un label, mais à renforcer la résilience des vignobles face aux défis climatiques et économiques à venir.
Les perspectives d’évolution pour les Domaines Barons de Rothschild
La certification B Corp constitue une étape, mais non un aboutissement. Le groupe prévoit de poursuivre la conversion progressive de ses vignobles en bio, de développer des programmes d’agroforesterie et d’améliorer la traçabilité environnementale de ses bouteilles, y compris via des bilans carbone détaillés. Cette trajectoire s’inscrit dans un mouvement plus large du secteur viticole, qui devra répondre à la fois aux contraintes réglementaires et aux attentes des consommateurs. Pour les Domaines Barons de Rothschild, l’enjeu est aussi de montrer que le prestige et la tradition peuvent aller de pair avec une innovation sociale et écologique de haut niveau.
Une vitrine pour l’avenir du vin de prestige
Avec cette certification, les Domaines Barons de Rothschild rappellent que même les acteurs les plus emblématiques du vin de prestige doivent repenser leurs pratiques. Le label B Corp devient une vitrine, démontrant que l’excellence viticole peut s’appuyer sur des engagements concrets et mesurés. Cette évolution pose une question centrale pour l’ensemble du secteur : demain, la légitimité des grands crus se mesurera-t-elle autant par leur empreinte environnementale que par leur réputation historique ?
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