Château Latour relance son 2012, un millésime prêt face au marché
Château Latour réédite la seconde tranche de son 2012 à 420 € ex-négociant. En pleine accalmie des cours, le millésime prêt à boire attire les investisseurs.
Château Latour 2012 revient sur La Place de Bordeaux à ex-négociant 420 € la bouteille de 0,75 L, soit environ +20 % par rapport à son prix de 2020. Les Forts de Latour 2012 accompagnent la sortie à 130 € ex-négociant. Dans un marché atone, cette réédition met en avant une promesse de prêt à boire et une rareté contrôlée, deux attributs qui intéressent les investisseurs en quête de lisibilité et de provenance ex-château. Le message est clair : Artémis Domaines poursuit sa stratégie de sorties calibrées, initiée après le retrait d’en primeur, pour défendre la valeur d’un Premier Cru de Pauillac et maintenir une courbe de prix ferme malgré le climat actuel. Les données de marché indiquent une offre limitée et des prix secondaires déjà installés, laissant peu d’arbitrage immédiat mais une cohérence avec l’historique des rééditions.
Le contexte d’une réédition très ciblée
Le 15 septembre, Latour a remis sur le marché des caisses « ex-château » du 2012, dans le cadre de sa politique de sorties de millésimes à maturité. Depuis 2012, le domaine ne vend plus ses vins en en primeur et ne les libère qu’une fois jugés prêts. Cette trajectoire, engagée dès le millésime 2011 (dernier vendu en futures), structure désormais chaque lancement.
Le positionnement prix dans un marché en berne
Le tarif de 420 € ex-négociant affiche une hausse d’environ 20 % par rapport à la première sortie du 2012 en 2020. Sur le marché secondaire britannique, des offres à environ £400 IB (en bond) au détail ont été observées, contre un prix de marché d’environ £4 000 la caisse de 12 x 0,75 L pour les stocks préexistants. Le signal-prix est donc volontairement ferme, misant sur l’attribut « provenance ex-château » plutôt que sur un discount conjoncturel.
La maturité du 2012 : un argument « prêt à boire »
Dans le cycle des millésimes de Pauillac, 2012 apparaît aujourd’hui à point pour de nombreux amateurs : structure cabernets marquée mais polie, tanins désormais intégrés après plus d’une décennie, et complexité tertiaire naissante. La logique de Latour consiste à offrir une fenêtre de consommation claire tout en sécurisant l’authenticité et la conservation par des sorties tardives. Les notations récentes confirment un niveau élevé sur 2012, avec des fenêtres de dégustation déjà ouvertes et encore 10 ans de potentiel.
Les Forts de Latour 2012 : une offre d’accès
En parallèle, Les Forts de Latour 2012 sont proposés à 130 € ex-négociant. Ce prix se situe légèrement en dessous du niveau d’introduction historique, ce qui crée un point d’entrée plus accessible pour les marchés hésitants. Les analyses de marché indiquent un positionnement proche des niveaux de transaction actuels, limitant l’arbitrage mais renforçant la cohérence de gamme.
La mécanique de marché : liquidité et rareté
La campagne arrive dans un contexte de volumes d’échanges réduits et de pression baissière récente sur plusieurs segments bordelais. Les Premiers Crus gardent néanmoins une profondeur de carnet d’ordres plus solide que la moyenne. Sur 2012, les caisses déjà en circulation présentaient un prix de marché inférieur au coût « ex-négociant + marge » de cette seconde tranche, mais la valeur « ex-château » et l’effet de provenance peuvent justifier un différentiel, notamment pour les achats institutionnels ou les caves patrimoniales.
La stratégie d’Artémis Domaines
La décision de sortir des millésimes prêts plutôt que de dépendre d’en primeur s’inscrit dans une politique de contrôle des flux et d’alignement entre qualité perçue et moment de mise. L’objectif est double : réduire la volatilité liée aux cycles de campagnes et défendre la réputation de longévité du grand vin, tout en proposant des rééditions à intervalles réguliers. Les dernières années montrent que la marque conserve un statut de valeur refuge dans les paniers d’achat, malgré l’humeur des marchés.
Les repères chiffrés pour l’acheteur
À 420 € ex-négociant, un détaillant appliquant une marge standard aboutit autour de 495 € TTC public par 0,75 L, selon marchés. Pour Les Forts de Latour 2012 à 130 €, un prix consommateur voisin de 153 € par bouteille est cohérent. Ces repères situent la nouvelle offre légèrement au-dessus de certaines disponibilités secondaires, mais avec la garantie logistique et qualitative d’un lot ex-château.
La portée du signal pour Pauillac
Dans un climat prudent, une réédition de ce type rappelle que les sorties maîtrisées, adossées à une marque forte et à un style de garde, continuent de mobiliser les acheteurs. Le 2012 propose un équilibre lisible pour la restauration haut de gamme et pour les cavistes souhaitant proposer des millésimes prêts, sans recourir à des stocks anciens d’origine incertaine. Pour Pauillac, c’est un rappel de résilience : la demande existe pour des vins livrés à maturité, à condition d’un pricing explicite et d’une distribution lisible.
La combinaison « millésime abouti + provenance ex-château + politique de flux » explique le choix d’un prix ferme malgré la conjoncture. Les acheteurs arbitreront entre disponibilité immédiate, coût total et historique de la cuvée. Sur 2012, l’angle « prêt à boire » reste l’argument le plus convaincant pour transformer un intérêt hésitant en commande ferme.
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