Le Petit Cheval Blanc 2023, le blanc sec rare de Cheval Blanc
Sorti mi-septembre via La Place de Bordeaux, Le Petit Cheval Blanc 2023 (70 % Sauvignon Blanc, 30 % Sémillon) confirme la maîtrise de Cheval Blanc en blanc sec.
Le Petit Cheval Blanc 2023 est le blanc sec de Château Cheval Blanc, né de parcelles historiques replantées en blanc après l’acquisition de Château La Tour du Pin. Le 2023 se distingue par une trame droite, une énergie citronnée et une texture ample, grâce à un travail poussé des lies et à un élevage de 22 mois en grands contenants de chêne. L’assemblage annoncé tourne autour de Sauvignon Blanc majoritaire et de Sémillon, avec un titrage proche de 13–13,5 % vol. La cuvée est distribuée en septembre via La Place de Bordeaux, en volumes restreints, ce qui alimente une forte demande des collectionneurs. Les données disponibles confirment un vignoble blanc d’environ 10 ha, dont 6,5 ha actuellement en production, pressurage doux (rendement de jus à 50 %, puis seulement 80 % retenus pour l’assemblage), et un style plus textural que boisé. Ce 2023 a reçu de hautes notes de dégustation et s’inscrit comme l’une des références contemporaines du blanc sec de Saint-Émilion.
Le contexte de la sortie 2023
La maison a lancé mi-septembre la sixième mise en marché de son blanc sec via La Place de Bordeaux, réseau qui concentre chaque année des sorties internationales à forte visibilité. Plusieurs opérateurs annonçaient l’ouverture commerciale les 16–17 septembre, avec un 2023 salué pour sa précision aromatique et sa tenue acide. Un article spécialisé évoque un assemblage proche de 70 % Sauvignon Blanc et 30 % Sémillon, un degré autour de 13–13,5 % vol., et une mosaïque d’une douzaine de parcelles à l’origine du vin. Ces paramètres confirment le positionnement haut de gamme et la rareté de la cuvée.
L’origine du Petit Cheval Blanc
L’histoire du blanc de Cheval Blanc remonte à 2006, lorsque le domaine rachète Château La Tour du Pin, voisin immédiat séparé par la route menant de Saint-Émilion à Pomerol. La direction choisit de replanter des secteurs en blanc pour créer un Bordeaux sec singulier sur la rive droite. Les premières mises commerciales paraissent à partir du millésime 2015, après des essais confidentiels ; aucune mise n’a eu lieu en 2017, année de gel. L’initiative s’inscrit dans la stratégie d’ouverture du domaine au blanc sec, avec la même exigence que pour le rouge.
La vigne et les parcelles en production
Le vignoble blanc couvre près de 10 ha, mais environ 6,5 ha étaient en production au moment du 2023, le reste ayant été complanté plus récemment. La plantation, initialement centrée sur le Sauvignon Blanc, a intégré du Sémillon au fil des millésimes, pour atteindre une répartition de l’ordre de deux tiers / un tiers. Le parcellaire, issu des terres de l’ancien La Tour du Pin et de parcelles attenantes, présente des sols de sables, d’argiles et de graves légères, adaptés aux blancs de garde. La récolte se fait manuellement, avec des rendements volontairement contenus et une recherche de maturité « mûre mais non verte ».
La vinification et l’élevage, clés du style
La vinification privilégie de grands contenants en bois (cuves, foudres, parfois quelques demi-muids) pour limiter l’empreinte du chêne neuf et travailler la texture par les lies. Le pressurage doux ne retient qu’environ 50 % du jus potentiel ; de ce volume, 80 % entrent dans l’assemblage final, le reste étant cédé en vrac ou réservé en interne. L’élevage s’étire sur 22 mois, soit deux hivers, fait rare en Bordeaux blanc. Le choix des grands volumes et du bâtonnage ciblé donne cette sensation de densité en milieu de bouche, sans marquage excessif du bois.
Le profil du millésime 2023
Le 2023 affiche un nez précis, dominé par le Sauvignon dans sa jeunesse (agrumes, zeste, fleur blanche), avec une signature tactile apportée par le Sémillon (grain phénolique fin, largeur). La bouche, tendue par une acidité nette, déroule des notes de citron confit, de pêche blanche et de verveine, soutenues par une salinité discrète. La finale est longue, sapide, avec une amertume noble de noyau. Plusieurs critiques confirment un niveau très élevé sur ce millésime, avec des fenêtres de dégustation s’ouvrant à partir de 2026 et un potentiel de garde supérieur à dix ans. L’alcool annoncé se situe autour de 13–13,5 % vol. selon les sources, cohérent avec une vendange précoce visant la fraîcheur.
La production limitée et la distribution
Les éléments publics laissent penser à une production restreinte, inférieure au seuil des très grands volumes. Pour mémoire, la première mise (2014) n’avait produit qu’environ 4 500 bouteilles, avec une trajectoire annoncée vers 20 000 bouteilles par an à maturité du vignoble. Le parcellaire 2023 n’étant exploité qu’en partie (6,5 ha sur ~10 ha), et compte tenu du tri à la vigne, du pressurage sélectif puis de la sélection finale, l’offre demeure limitée. La distribution via La Place de Bordeaux concentre la demande et accentue l’effet de rareté en France comme à l’export.
La lecture des chiffres et des notations
Côté données techniques et évaluations, une grande maison britannique indique pour 2023 un assemblage de 73 % Sauvignon Blanc et 27 % Sémillon, un alcool de 13 % vol. et des fenêtres de consommation 2026–2034. Les dégustations récentes attribuent 96 à 97 points au 2023, évoquant une pureté aromatique et une allonge supérieures aux millésimes précédents depuis 2018. Ces indications, croisées à celles d’observateurs indépendants, confirment l’orientation du vin : ampleur contrôlée, précision et capacité de vieillissement.
La place de Cheval Blanc dans le blanc de Saint-Émilion
La rive droite demeure historiquement rouge, mais certaines propriétés signent des blancs d’expression. Cheval Blanc a investi ce segment avec une rigueur peu commune : parcelles dédiées, itinéraire technique propre et élevage long. Sur le marché secondaire, les millésimes 2020 et 2021 de ce vin figurent déjà parmi les Bordeaux blancs secs les plus échangés en valeur sur l’année, signe d’un intérêt croissant des amateurs et des maisons de négoce. Ce mouvement conforte l’idée d’un leadership technique et commercial sur la catégorie des blancs secs de Saint-Émilion.
Les prix et la disponibilité
Le positionnement tarifaire reste élevé pour un Bordeaux blanc, à la hauteur de la sélection à la vigne, de l’élevage long et de la rareté. Les allocations proposées par les marchands via La Place s’écoulent rapidement, avec des conditions variables selon marchés. Les sites spécialisés signalent des sorties récentes, souvent accompagnées de commentaires de dégustation et d’estimations de garde, ce qui oriente les acheteurs vers une consommation à partir de 2026 plutôt qu’en jeunesse immédiate.
Les conseils de service et de garde
Servir entre 10 et 12 °C (10–12 °C) pour préserver l’énergie aromatique. Un carafage court, 15 à 20 minutes, peut lisser la première attaque. Sur la table, viser des accords de précision : bar de ligne cuit nacré, volaille rôtie au jus réduit, risotto aux asperges, fromages à pâte dure peu affinés. En cave, viser une température de 12–14 °C (12–14 °C) et une hygrométrie stable pour protéger le bouchon. Les meilleurs flacons peuvent s’épanouir sur 8 à 12 ans, gagnant en complexité tertiaire (miel léger, cire, amande blanchie) sans perdre leur colonne vertébrale.
Au-delà du récit, la force du 2023 tient à un trio clair : sélection parcellaire stricte, travail des lies ambitieux et élevage long en grands contenants. Cet ensemble livre une signature tactile rare à Bordeaux blanc, plus « architecture de bouche » que boisé démonstratif. Si le millésime a été exigeant dans la région, le parti-pris de vendanges précoces et de tranchant acide a porté ses fruits. Les prochains millésimes, au fur et à mesure de l’entrée en production des dernières parcelles, diront jusqu’où ce blanc peut pousser sa complexité—et s’il impose durablement un standard de la rive droite.
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