Les vins du Roussillon
Les vins du Languedoc Roussillon ont fait de très grands progrès en qualité ces dernières années. Il y a dix ans encore, ces vins n’étaient pas considérés du fait d’une conception et production très amateuriste et peu qualitative. Aujourd’hui, certains vins font clairement jeu égal avec certains des grands vins bordelais. Le vignoble du Roussillon s’étire ã l’ouest du Bassin méditerranéen. Les sommets souvent enneigés du Canigou le surplombe, le Roc Madres (2469 m) dans le massif du Capcir (Cerdagne française) le délimite à l’ouest. Vers le nord, où seule la plaine offre à la culture de la vigne un passage naturel rendu étroit par l’étang de Leucate, se dresse, telle une barrière d’est en ouest, la paroi calcaire des Corbières. Jadis zone frontalière, c’est ici que se cultivent les appellations Corbières et Fitou. Au sud ce sont les monts Albères, formés par les roches primitives des Pyrénées et qui depuis 1659 marquent la frontière entre la France et l’Espagne. Dans les derniers mouvements de la chaîne pyrénéenne, à l’époque du mésolithique, la croûte terrestre a subi de gigantesques bouleversements. Ce qui a eu pour effet de doter le vignoble du Roussillon de structures géologiques et de microclimats très variés. Schiste, granit, grès, argile, calcaire, graviers et galets se retrouvent isolément ou en associations. Si les vins du Roussillon présentent des traits de caractère communs, en dépit de la diversité des sols et de l’exposition des vignobles, c’est au climat et aux cépages qu’ils le doivent.
Même si les vignes du Roussillon montent à l’ouest jusqu’à une altitude de 600 mètres, elles se situent exclusivement dans la zone d’influence d’un climat typiquement méditerranéen. Les éléments clés de ce département, le plus méridional des départements français, se lisent dans les chiffres : plus de 2 500 heures d’ensoleillement par an, une température moyenne annuelle de 15 °C, si ce n’est plus, une forte tramontane, un vent sec de nord-ouest bénéfique à la vigne alors que le marin, un vent de mer chargé d’humidité, peu apprécié des viticulteurs, souffle plus rarement. Il faut ajouter à cela les faibles précipitations (en moyenne 500-600 mm) qui se produisent moins de 100 fois par an et le plus souvent en automne, sous forme d’orages, d’où des étés secs et chauds, des hivers tempérés connaissant peu le gel. C’est pourquoi, les raisins intervenant dans la production des vins rouges, quantitativement la plus importante, sont des fruits très mûrs qui donnent aux vins un fruité intense et beaucoup de corps. D’où le caractère typiquement méditerranéen de ces vins, pour lesquels aucun ajout n’est autorisé. Dans les vins d’appellation, le cépage joue aussi un grand rôle. Issus du carignan et du grenache, tous deux venus d’Espagne, ils sont surtout étoffés de syrah, originaire de la vallée du Rhône, et de mourvèdre catalan. Selon les us et coutumes, au moins trois de ces cépages doivent être présents dans l’assemblage. Dans le cas des rosés, en dehors des cépages rouges, le cinsault méditerranéen et le grenache gris jouent aussi leur rôle.
Le maccabeu, le grenache blanc et la malvoisie forment la base, complétée de marsanne et de roussane des Côtes-du-Rhône, et de vermentino, un cépage répandu en Italie, mais aussi en Provence et en Corse. La réputation des vins du Roussillon repose sur celle, séculaire, des vins doux. Dans les petits villages de l’arrière-pays, les agriculteurs ont planté de la vigne dès le Moyen Âge, mais pour leur propre consommation. Une infrastructure permettant de nouveaux circuits commerciaux a commencé à se développer au début du XIXC siècle dans la plaine et dans les vallées de l’Agly, du Têt et du Tech, mais n’a touché les petits villages excentrés qu’une centaine d’année plus tard. Grâce aux liaisons ferroviaires et à la révolution industrielle, le vignoble totalisait en 1882 une surface record de 76 000 ha, avant que le phylloxéra ne la ramène à 42 000 ha. Entre les deux guerres, on assiste à un nouvel essor, dû en grande partie aux vins doux. Dans les années 60, les viticulteurs se sont mis en devoir de planter de nouveaux cépages, dits améliorés, de grenache et de syrah, qui ont permis aux vins secs d’obtenir dès 1977 les appellations Côtes du Roussillon et Côtes du Roussillon Villages. Ce dernier est délimité sur 32 communes dans la partie la plus septentrionale du département et concerne exclusivement des vins rouges avec un rendement maximal de 45 hl par hectare. Dans la région vallonnée, caillouteuse et sèche de la vallée de l’Agly et de Fenouillèdes, les coopératives ont pris en main la destinée de leur production. Rares sont les viticulteurs indépendants, dont certains pourtant comptent parmi les meilleurs de la région. Les communes de Caramay, Latour de France, Lesquerde et Tautavel sont autorisées ä faire figurer leur nom dans l’appellation. L’aire de culture des côtes du Roussillon comprend 4 800 ha, dont le rendement a été limité à 50 bl/ba. Un produit, par ailleurs, environ 225 000 hectolitres de vin rouge, pour 27 000 hectolitres de rosé et 18 000 hectolitres de vin blanc. Une modernisation des techniques de vinification, en particulier au niveau du contrôle de la température, a largement contribué à donner aux rosés et aux vins blancs des, arômes frais, fruités ou floraux. Leur faible acidité en fait des vins très digestes.