Si les vins rouges moyens sont souvent conservés beaucoup trop longtemps (par des apprentis oenologues qui pensent qu’ils vont se bonifier avec le temps alors qu’ils perdent leur bouquet en moins de 3 ans), les rouges de qualité se conservent des décennies. Tel est le cas du Petrus que nous avons goûté récemment: un millésime 1989 dégustable jusqu’en 2035.
Si ce vin peut se conserver presque un demi-siècle, ce n’est pas pour rien. Petrus est devenu un vin légendaire. Sa renommée n’est certes pas récente et le vin atteignaif des
prix élevés il y a déjà un siècle. La famille Loubat en fut propriétaire à partir de 1925 mais la famille Moueix devint agent exclusif de Petrus en 1943, date qui marqua le début de sa longue association avec la propriété. Déja en 1969, par des négociations qui restèrent secrètes pendant des décennies, Moueix devint actionnaire majoritaire.
C’est sur le plateau de Pomerol, avec la complexité des sols qui le caractérise, que se trouvent les meilleurs vignobles, parmi lesquels une petite enclave de 20 ha composée d’argile bleutée riche en fer. Petrus en occupe plus de la moitié. Seul 1 ha du vignoble Petrus est sur du sol graveleux.
Si Petrus est un vin puissant de tres longue garde, il le doit plus aux vignes et aux sols dont il est issu qu’à la manière dont il est produit après récolte. Le vignoble a la chance de se trouver sur une parcelle extraordinaire et les propriétaires de Château Gazin dans le voisinage qui vendirent 4 ha de vignes à Petrus en 1969 s’en mordent les doigts.
Aujourd’hui encore, la robe du 1989 a peu évolué et la grandeur de ce vin est évidente, avec ses arômes somptueux et boisés, et pourtant élégants et légers. En bouche, le vin est généreusement fruité et voluptueux et, malgré la présence soulignée de tanins, la fin de bouche est délicieuse, brillante, élégante, et en même temps majestueuse.