Quels sont les meilleurs vins à acheter pour un investissement ?
Quels vins acheter pour investir en 2025 ? Bordeaux, Bourgogne, Champagne et vins étrangers. Prix, liquidité et rendement à 10 ans expliqués.
En résumé
L’investissement dans le vin traverse un cycle de correction qui ouvre des fenêtres d’achat sélectives. Les indices Liv-ex affichent encore des replis sur un an, mais les segments liquides demeurent porteurs à long terme. Bordeaux premium redevient compétitif après plusieurs baisses, tandis que la Bourgogne rare se normalise. Le Champagne millésimé stabilise et attire par sa notoriété. L’Italie (Toscane, Piémont) gagne des parts et diversifie le risque, au même titre que l’Espagne (Vega Sicilia) et quelques étiquettes américaines de Napa. Les prix de marché, pour des références emblématiques (750 ml), fournissent des points d’entrée mesurables : Lafite Rothschild 2010 autour de 1 100–1 450 $ ; Krug 2008 près de 600 $ ; Sassicaia 2016 autour de 530–610 $. À horizon dix ans, l’historique académique situe des rendements réels de l’ordre de 4 % par an, hors aléas. Le succès repose sur la provenance directe, le stockage professionnel à 12–13 °C et la discipline d’achat.
Le cap 2025 : état du marché et fenêtres d’achat
Les indices Liv-ex restent en baisse sur un an, avec des replis notables en Bourgogne et en Bordeaux ; la Champagne 50 montre des signes de consolidation, sans retour aux planchers de 2020. Ce contexte traduit une correction post-pandémie, mais aussi une concentration de la demande sur les « super-marques ». Pour l’investisseur, la baisse crée des points d’entrée sur des vins liquides et réputés, avec des écarts de 20–40 % sous les pics de 2022 selon les références.
La liquidité par région en 2025
Bordeaux mène encore la valeur échangée hebdomadaire (≈30–33 %), devant Bourgogne, Champagne et Toscane. L’Italie progresse structurellement, portée par un élargissement des millésimes et la demande américaine. Cette dynamique conforte une diversification régionale au sein d’un portefeuille.
Les Bordeaux incontournables et leurs prix d’entrée
Bordeaux reste l’épine dorsale de « investir dans le vin » grâce à sa profondeur de marché. Les First Growths (Pauillac, Margaux, Pessac-Léognan) et les « super seconds » montrent la meilleure liquidité. Des points d’entrée : Château Lafite Rothschild 2010 se traite en moyenne autour de 1 100–1 450 $ la bouteille (750 ml), selon marché et localisation. Léoville Las Cases, Montrose, Pichon Comtesse offrent souvent un meilleur ratio prix/notation. La prudence s’impose en primeur : les remises agressives de 2024 rappellent que l’achat de millésimes physiques matures est parfois plus rationnel que l’anticipation.
Les segments à valeur relative
Les millésimes prêts à boire des années 1995–2001 et 2008–2010 concentrent l’intérêt des acheteurs avisés. Ils réduisent le risque de dérive qualitative et d’immobilisation longue. Sur dix ans, l’allocation Bordeaux doit viser des vins « blue chips » et leurs seconds vins liquides, pour équilibrer performance et revente.
La Bourgogne de référence et ses risques
La Bourgogne rare garde le leadership en valeur absolue dans les toutes premières marques, mais les prix se normalisent depuis 2023. Les domaines de Vosne-Romanée et de Gevrey-Chambertin restent moteurs, toutefois l’entrée par les « grandes signatures » de blancs (Puligny-Montrachet, Meursault) peut offrir un meilleur couple prix/liquidité. Les données Liv-ex signalent une correction prolongée, avec un prix moyen élevé par caisse ; cela invite à cibler des producteurs solides avec des millésimes recherchés, tout en acceptant une volatilité plus forte que Bordeaux.
Le Champagne millésimé, marque et consolidation
La Champagne 50 recule moins vite que les autres sous-indices et montre une stabilisation de volumes échangés. Les « super-marques » (Dom Pérignon, Krug, Cristal, Salon) combinent notoriété mondiale et production relativement contrainte. Krug 2008 se situe autour de 580–600 $ (750 ml) en moyenne, tandis que Krug Grande Cuvée reste une porte d’entrée plus accessible. Le segment paraît en phase de consolidation avec une part de marché en légère hausse en 2025.
Les autres régions françaises à cibler
Le Rhône nord (Côte-Rôtie La-La-Las de Guigal, Hermitage de Chave, parcellaires de Chapoutier) demeure sous-valorisé à long terme par rapport à sa qualité. En Sauternes, Yquem, Suduiraut, Climens affichent un différentiel prix/plaisir attractif, avec des pics d’intérêt en ventes aux enchères. Un noyau de vins liquoreux de haut niveau constitue souvent un « satellite » intéressant sur dix ans, même si la liquidité reste plus étroite qu’en rouge et Champagne.
Les vins étrangers qui diversifient vraiment
La diversification hors France devient un pilier d’un portefeuille « meilleurs vins d’investissement ». En Toscane, les Super Tuscans (Sassicaia, Masseto, Solaia, Tignanello) offrent un marché profond et mondial. Sassicaia 2016 se traite couramment autour de 530–610 $ (750 ml). En Piémont, Giacomo Conterno Monfortino et Bartolo Mascarello ancrent le segment Barolo. En Espagne, Vega Sicilia Único et Pingus maintiennent une prime de rareté. Aux États-Unis, Opus One, Screaming Eagle, Harlan Estate portent la reconnaissance internationale, même si les « cult wines » restent plus illiquides. Ces blocs étrangers ont vu leur part de marché progresser sur Liv-ex depuis 2024, tirés par les acheteurs américains.
Les prix actuels de référence (750 ml)
Pour ancrer les fourchettes : Château Lafite Rothschild 2010 ≈ 1 100–1 450 $ ; Krug 2008 ≈ 580–600 $ ; Sassicaia 2016 ≈ 530–610 $. Ces niveaux varient selon condition, source et pays. Ils permettent toutefois d’objectiver les « tickets » d’entrée et d’aligner le budget sur les objectifs. Format magnum (1,5 L) à considérer pour les grandes cuvées, la prime de longévité justifiant souvent un prix au litre plus élevé.
Les horizons de valorisation à 10 ans
Sur longue période (1900–2012), l’étude académique de référence estime un rendement réel net de stockage proche de 4,1 % par an ; c’est un repère utile pour fixer des attentes raisonnables, sachant que la période 2020–2022 fut atypique par son accélération, suivie d’une correction. Sur dix ans, un scénario prudent pour un panier diversifié (Bordeaux + Bourgogne + Champagne + Italie) se situe entre 3–6 % réel annuel, avec des écarts par région : Bordeaux premium tend à délivrer un chemin plus « lisse » ; Bourgogne rare concentre la performance mais aussi la volatilité ; Champagne millésimé joue l’effet marque ; l’Italie amortit les cycles, portée par la demande US. Ces projections ne sont ni garanties ni linéaires : elles supposent sélection stricte, temps long et gestion des frais.
Les règles opérationnelles et les coûts à ne pas sous-estimer
Trois leviers protègent la valeur. D’abord, la provenance directe (achat domaine, négoce réputé, lots ex-château) et la traçabilité (niveaux, capsules, photos) réduisent le risque et améliorent la revente. Ensuite, le stockage professionnel : ciblez 12–13 °C (température stable), 60–70 % d’humidité, obscurité et absence de vibrations. Enfin, les coûts de portage : stockage assuré en entrepôt sous douane au Royaume-Uni se facture typiquement 14–18 £ par an et par caisse de 9 L (12×75 cl), des grilles plus basses existant pour 6×75 cl.
Les frais de transaction et le canal de sortie
Aux enchères, le buyer’s premium atteint fréquemment 20–25 % du prix marteau, auxquels s’ajoutent frais de vente côté vendeur. Sur un cycle de dix ans, le cumul des commissions achat/vente peut peser 25–35 % si l’on arbitre souvent. D’où l’intérêt de plateformes de gré à gré entre professionnels, ou d’espacer les rotations pour préserver le rendement.
Les portefeuilles types selon le profil
Pour un budget initial de 10 000 à 30 000 €, un cœur de Bordeaux premium (First Growths ou « super seconds » en millésimes solides) représente 40–50 %, complété par 20–25 % de Champagne millésimé (marques mondiales), 15–20 % de Bourgogne (producteurs établis, davantage de blancs pour la valeur relative) et 15–20 % d’Italie (Sassicaia, Tignanello, Barolo de référence). L’ajout mesuré de vins étrangers de niche (Espagne, USA) ou de Sauternes renforce le caractère opportuniste, mais reste minoritaire pour préserver la liquidité. Ce calibrage colle aux parts de marché observées et aux cycles de chacune des régions.
La marche à suivre dès maintenant
Définissez l’objectif (plaisir, transmission, revente). Listez 10–15 étiquettes liquides ; fixez des bornes de prix en vous référant aux moyennes publiées. Achetez des caisses homogènes, évitez les panachages. Priorisez les millésimes physiques « en place », sauf opportunité primeur documentée. Externalisez le stockage et l’assurance, et conservez toutes les preuves de provenance. Enfin, planifiez des points d’arbitrage tous les 24–36 mois, sans précipiter les ventes en bas de cycle.
Les points à surveiller en 2026–2027
Trois signaux guideront la suite : la stabilisation durable des indices Liv-ex ; la reprise de la part de marché Bordeaux après les baisses de prix ; et la confirmation de la consolidation en Champagne. L’Italie devrait continuer de gagner en profondeur, ce qui conforte sa place structurante dans un portefeuille de meilleurs vins d’investissement. Les opportunités existent ; elles récompensent la patience, la sélection et la rigueur logistique.
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