La semaine dernière, un cours d’oenologie nous a donné l’occasion de goûter un Selbach-Oster de 2003, un excellent vin blanc demi-sec qui nous vient d’Allemagne, et plus précisément de Moselle-Sarre-Ruwer. Un vin qui, si vous êtes amateur de Riesling, mérite décidément d’être dans votre cave. En 2003, Johannes Selbach a produit au moins quatre Auslese différents issus de Schlossberg, un site escarpé et peu prometteur. Trois d’entre eux sont fabriqués de manière traditionnelle, avec différents passages dans le vignoble, les plus mûrs, et ceux arborant plus de botrytis, étant désignés par des étoiles : pas d’étoile, une étoile, deux étoiles. 2003 a cependant été l’année d’une révolution tranquille, qui a pris la forme d‘une récolte en bloc de la parcelle la plus ancienne et la mieux située, appelée Schmitt. Il n’a été fait aucune sélection avant de vendanger. La variété habituelle de baies jaune-vert et dorées, légèrement surmaturées, a été mélangée avec des baies botrytisées, ce qui a créé une authentique expression du terroir sans influence humaine. Les Selbach ont suivi le même programme chaque année par la suite, y ajoutant une seconde cuvée issue d’une microparcelle du vignoble voisin de Sonnenuhr, Rotlay. Schlossberg de Zeltinger donne aux amateurs de vins de Moselle exactement ce qu’ils recherchent d‘une manière remarquablement expressive, presque angulaire. Les sols d’ardoise dévonienne créent une minéralité ferme et tonifiante qui semble envahir le palais, peut-être l’un des seuls endroits où l‘on peut réellement « goûter le sol », sous-tendu d’un milieu en bouche singulier d’herbes forestières et de zeste de citron vert. L’effet n’est peuteêtre pas aussi charmant et génial que les Sonnenuhr et les Himmelreich du monde, mais une chose est sûre : il est délicieusement différent.  Le Selbach-Oster 2003 est à garder pendant 15 à 20 ans.