Pour une fois, ne parlons pas de vin mais d’eau. Toujours impressionné par le dynamisme du champagne des eaux de table à la française, je reviens ici sur le succès du Perrier. Avec une présence dans cent cinquante pays, l’eau de source Perrier est l’une des boissons françaises les plus exportées et la première marque mondiale d’eau gazeuse embouteillée. Née il y a cent vingt millions d’années de la rencontre de l’eau de pluie infiltrée lentement sous terre et d’un gaz d’origine volcanique remontant à la surface, l’eau naturellement gazeuse s’est frayée un chemin au gré des fissures dans les roches calcaires. La présence de failles perméables a permis à l’eau de poursuivre son ascension et de jaillir en surface avec un aspect bouillonnant lié au dégagement de gaz carbonique naturel. D’où l’origine du nom du lieu-dit de la source Perrier, les Bouillens, à Vergèze, dans le Gard, à 15 kilomètres de Nîmes. L’eau doit son nom de marque à Louis Perrier, un médecin de Nîmes qui découvrit à cette eau des vertus thérapeutiques et qui devint propriétaire de la source en 1898. En 1903, il la vendit à un lord anglais, John Harmsworth, qui donna à la source le nom de celui qui l’avait pour ainsi dire découverte. S’inspirant des massues indiennes qu’il utilisait en guise d’haltères, Harmsworth inventa la bouteille de Perrier telle que nous la connaissons encore aujourd’hui, dans sa forme iconique, et lui ouvrit les portes de l’Empire britannique. Alors appréciée en premier lieu dans les colonies anglaises, l’eau de Perrier était la complice idéale du whisky. Elle fut bue jusqu’à Buckingham et se vit décerner en 1905 le titre de « Fournisseur breveté de sa Majesté le Roi d’Angleterre ». Son deuxième titre de gloire est d’être la Bulle officielle de Roland Garros dès 1927. Et c’est l’un des symboles de la France dans le monde. L’eau de Perrier est un réel succès commercial dans le monde. Comme quoi la nature fait bien les choses, surtout lorsqu’elle est aidée d’un peu de marketing.