corbiereElles forment un immense quadrilatère de 3000 m2 dans le département de l’Aude, au sud de la ligne qui relie Narbonne à Carcassonne. À l’ouest elles atteignent des altitudes où le climat est trop froid pour la vigne. A l’est, les Corbières sont arrêtées par les étangs de Leucate et de Bages et par la Méditerranée. Au sud, leur domaine vient buter sur les rochers escarpés couronnés par les châteaux cathares de Queribus et de Peyrepertuse.

Contrairement aux viticulteurs de fitou, ceux du corbières ont dû se battre longtemps avant d’obtenir leur appellation en 1985. ll faut reconnaître que sur les 42 000 ha d’origine, seuls 23 000 ha ont été reconnus, dont seuls 14 000 ha sont encore en exploitation aujourd’hui. Le vignoble, dans son ensemble, est caractérisé par la diversité de ses sols et de ses conditions climatiques. Les plants de vigne trouvent la le schiste du primaire, le calcaire et le grès du secondaire, les sols marneux du tertiaire et les alluvions graveleuses charriées au quaternaire. ll est évident que la proximité de la Méditerranée joue un rôle fondamental dans le climat, mais des influences atlantiques ont aussi des répercussions sur le temps et, de ce fait, sur la nature des vins.

Depuis 1990, 11 grands vignobles se sont engagés à tenir compte de ces diverses caractéristiques. Ce sont: Sigean, Durban,Quéribus, Termenès, Saint-Victor, Fontfroide, Lagrasse, Serviès, Montagne d’Alaric, Lézignan et Boutenac. Les producteur de corbières se sont également efforcés d’améliorer l’image de marque des cépages de leur région , ils ont donc réhabilité des milliers d’hectares avec du grenache, de la syrah, du mourvèdre, mais aussi avec des cépages blancs comme le grenache blanc, le rolle, la marsanne et la roussanne. Plus heureux que leurs collègues du Roussillon ou de l’Hérault, ils sont parvenus à tirer profit du carignan, jusque-là destiné à la production du vin de consommation courante. Dans un premier temps, ils ont conservé des plants vieux de 40 ans et plus, dont ils tiraient un rendement médiocre, mais d’une qualité honorable. Par ailleurs, ils ont développé une méthode de vinification appropriée, en pratiquant une macération carbonique. Avec ce procédé, que l’on appelle aussi la méthode de fermentation des grains entiers, car la vendange n’est pas foulée, on place dans les cuves préalablement remplies de gaz carbonique, les grappes cueillies à la main, si bien que chaque grain est soumis à une fermentation intracellulaire. L’alcool produit permet ainsi de retirer le maximum de substances de la peau du raisin.

Si, au bout de 6 a 8 jours, on interrompt la fermentation prématurément par pressurage, on gagne en couleur et en arômes mais on perd en structure et en tanins. Le vin se laisse boire agréablement, ce qui est le but recherché dans la plupart des régions plantées de carignan. Dans les Corbières, en revanche, de nombreux viticulteurs ont un savoir-faire qui leur permet d’améliorer l’extraction par une montée de température en début de processus ; ils obtiennent des vins mieux charpentés et plus tanniques en prolongeant le temps de macération. Vinifié de la sorte, le vin issu du carignan présente de bonnes qualités de conservation, un bouquet épicé et herbacé et, avec l’âge, des notes de gibier et de sous-bois. Avec le grenache et la syrah, plus rarement avec le mourvèdre, le carignan, toujours majoritaire, a fait de corbières un nom générique, en dépit de ses diverses aires de culture. Après avoir suscité un grand intérêt vers le milieu des années 80, il reste aujourd’hui une valeur sûre.

Même fortement réduit, le volume des vins de Corbières se situe actuellement autour de 600 000 hectolitres, dont 15 % environ pour les rosés et les blancs. Le cinsault joue un rôle déterminant dans les rosés, auxquels il donne une teinte très claire et une note florale. Les vins blancs secs méritent quelque attention. Les viticulteurs de Corbières ont été les premiers, dans le Languedoc-Roussillon, à se pencher sur les propriétés intéressantes du grenache blanc pour les vins secs, en insistant sur son côté méditerranéen. Au lieu d’imiter vainement l’acidité des vins produits plus au nord, ils ont misé sur la rondeur et la longueur en bouche.