Cette semaine, un cours d’oenologie nous a permis de déguster un Château Durfort-Vivens, un vin rouge sec au millésime 2004, à boire jusqu’en 2020. Si ce second cru ne convaincra pas tous les amateurs de vin, il reste cependant intéressant à plus d’un titre, tant pour son prix que pour son originalité. Les deux ont une raison d’être. Classé deuxième cru, le Durfort-Vivens avait de toute évidence un énorme potentiel au début du XXe siècle, mais la propriété a connu ensuite une période plus difficile, au point que le nom de Durfort a quasiment disparu. En 1962, Lucien Burton a racheté la propriété et entrepris de récupérer les vignes, avant de transmettre Durfort-Vivens à son fils Gonzague en 1992. Au lieu de pratiquer la vendange en vert, Gonzague taille très court pour obtenir un faible rendement et n’utilise jamais plus de 40% de chêne nouveau. Il recherche la finesse et non la richesse excessive, et certains critiques reprochent à ses vins d’être trop légers pour des deuxièmes crus. Certaines années, le vin est effectivement léger, mais son parfum et son équilibre ont besoin de temps pour s’exprimer. C’est l’épicé et la succulence, inhabituels pour un Durfort, qui font du 2004 un vin exceptionnel pour cette propriété. Les vins de Gonzague Burton sont parfois sous-estimés, mais c’est un avantage, car leur prix est raisonnable ; leur retenue et leur finesse sont d’autant plus appréciables à un moment où de nombreux domaines vont dans la direction opposée.